Vagabondage au Turkménistan
Je reviens de Mars via la Luna, je reviens du Turkménistan !
Un pays qui ne reçoit que 843 visiteurs par an. Mon 210e pays visité.
Dictature absolue. Point d’internet (Ni Google, ni WhatsApp, ni Facebook par exemple) ni de liberté citoyenne sociale. Mais des avantages sociaux : électricité quasi gratuite, 11 litres d’essence pour un seul dollar Us (10 fois moins cher que la Tunisie) et seulement 5% de douane sur les voitures qui offrent aux avenues des centaines BMW X6, Mercedes 300 et belles américaines !
Commerce libre (du légal à la petite drogue) Pays avec 90% de sa superficie en désert aride.
Point focal : à MERVE ou MARY, le temple de la science et culture arabo musulmane qui enfanta moult savants du VIIe au XIIIe : le but de ma visite, MAREVE…
Gracias a la vida.
A TURKMENABAD seconde ville de pays
Les femmes bossent. Les hommes sirotent leur the vert comme dans tant de pays du tiers monde !Errances dans la ville …
A 5h du matin elles se font belles et commencent à exposer sur de nombreux étals leurs pains chauds et croustillants à un prix modique, à ¼ de dollar US le pain de 1 Kg
Ici, sur les routes, les petits marchés sont ouverts 24/24 avec une abondance folle de tous produits à manger et à grignoter avec des dizaines de marques de biscuits et friandises !
Le pain sacré est exposé avec cérémonial et parcimonie.
Je dis à la vendeuse que je ne pourrai jamais manger 1 Kg de pain …que la voilà me découpant une belle tranche croustillante en cadeau !
Les fruits non défendus
Ils sont si beaux, si propres ! Une invitation au voyage doublée du « sourire de la crémière » ou vendeuse de 4 saisons !
Une tenue élégante et belle à 7h du matin au petit marché du quartier.
L’onglerie des belles dames
A travers une porte vitrée le rire de ces belles semble percer le verre en dansant !
Que vois-je dans ce monde de femmes ?
Des belles qui viennent poser une paume ouverte vers le haut à la belle demoiselle au chemisier vert et aux cheveux d’un métre de long peut être ..
On me demande de pousser la porte et d’entrer.
Un bon thé est servi avec des sucreries du pays ! Dans un pays sans touristes on s’arrache « l’étranger » pour connaître la route du Voyageur ..
Comment trouver une « aiguille à coudre » pour une amie ?
J’ai reçu la veille de mon départ ce message d’une amie Aida Bellagha :
« J’ai jeté une bouteille en mer à notre ami Rached Trimèche (El Greco ) en apprenant qu’il effectue son 210e pays à visiter dans les pays de « la route de la soie » les pays de la broderie, fils, perles ….entre autre ……pour le moment il a visité Ouzbékistan ,ensuite Turkménistan. Comme il n’avait qu’un seul bagage, un sac à dos qui ne pèse que 6 kg je lui ai demandé s’il pouvait m’acheter une aiguille Aari qui fait 0,5 mm la plus fine qui soit ou la 0,6 mm, aiguilles spéciales à travailler sur un tambour de broderie pour perler avec les toutes petites perles, pour pailleter en chaîne ….Car je suis en train d’apprendre les 2 méthodes de broderies celle de Luneville ,et celle d’Aari la méthode indienne ,je prends des cours le soir sur YouTube. J’ai fait toutes les merceries à Tunis ça n’existe pas soit l’acheter sur Etsy ou l’acheter dans une mercerie en France. »
Commence pour moi un voyage de 30 merceries au moins entre ces deux nouveaux pays pour arriver à peu de résultat…mais un simple paquet de 10 petites aiguilles !
Ici, la dame en robe verte éclate de rire en écoutant mon histoire du Voyageur qui vient de la Terre de Carthage pour acheter une aiguille de broderie ici sur la Route de la Soie.
Une heure de bavardage avec un excellent café turc et toutes sortes de pâtisseries qui sur le champ attirèrent les voisines collègues pour un bain de fou-rires.
Le fils du Président monte au trône !
On ne badine pas avec le chef ! Son auguste père n’a-t-il pas dans chaque ville une statue en or massif de ses chiens géants ?
Tout le monde le craint et ne parle jamais ni de lui ni de son épouse qui tient une partie des rennes du pays.
Un seul mot de trop ou de travers vous conduira au cachot ou à la potence ! Et en silence !
Au cœur du désert turkmène des milliers de dromadaires en paix
Et MEREV ou MARY le nec le plus ultra de la grande civilisation musulmane qui irradia l’Asie et qui fut le refuge de tant de célébrités et de savants : AL BOUKHARI, IB SINA ou AVICENNE, KHAWARAZMI dans ces forteresses royales des sultans du VIIe siècle,
Sur la route de la soie et des caravanes sérails. Nous y reviendrons dans un prochain Astrolabe !
90% du pays est désertique et renferme dans son sol de remarquables richesses d’hydrocarbures et de précieux métaux.
Le plus célèbre est celui de Karakoum. C’est une vaste étendue de terres arides. C’est l’un des plus grands déserts de sable au monde, couvrant une superficie d’environ 350 000 kilomètres carrés, s’étendant sur environ 800 km d’Ouest en Est et 500 km du Nord au Sud.
La flore du désert du Karakoum est représentée par le carex sableux, l’acacia sableux, l’astragale et le saxaul. Au printemps, la majeure partie du territoire désertique est couverte d’éphémères et d’éphéméroïdes, qui s’assèchent normalement dès début mai. La végétation n’est absente que dans la zone des sables dunaires, qui occupent environ 5 % du désert.
Drapeau sur tous les toits avec les 5 provinces
Il est frappé d’une bande rouge verticale sur laquelle sont figurés cinq médaillons de tapis, correspondant aux cinq principales tribus du pays, et des branches d’olivier symboles de neutralité. Cinq étoiles et un croissant de lune blancs, symboles islamiques, représentent également l’espoir en un avenir radieux.
Sur tout immeuble ou édifice flotte ce drapeau par devoir et avec fierté !
Trois chambres d’hôtel en solo pour une seule nuit !
Le soir tombé, mon chauffeur et mon guide (imposés) me deposent à 20h devant un vaste hôtel me rappelant ceux de la vieille Russie.
Au premier étage j’eu droit à choisir une chambre.Au bout de 10 minutes je me suis apperçu que l’hôtel avait zéro client et une dizaine d’employés qui errent dans le couloir et que ma porte ne ferme pas ! Le verou a rendu l’âme depuis belle lurette.
La reception accepte de me changer de chambre.
Tout parait parfait je m’installe dans cette 2e chambre !
Mais surprise, la salle de bain et le couloir ont des ampoules grillées …et je redescends à la réception pour changer au moins l’ampoule grillée de la salle de bain.
Faute d’ampoule on me propose une 3e chambre!
Cata ! La clim ne marche pas, la télé est juste décorative et l’odeur est suffocante , il est déjà 22 heures, j’ai faim soif et aucun brin d’air.
A la reception on m’ouvre la cuisine. Une bonne jeune dame de 100 Kg m’offre une gigantesque tranche de bon pain avec du beure et un peu de légumes en garniture ! Parfait !
Je retourne à la reception et demande s’il n’y-a pas dans les parages un bar où je peux boire une biere locale !
- « Monsieur il est 22h et il strictement interdit de sortir de l’hôtel ! Si une voiture de police vous attrape seul dans cette avenue on risque de ne plus jamais avoir de vos nouvelles. »
- « Au diable la police je vais m’assoir dehors sur le petit mur extérieur du parking et respirer une peu ! »
C’est vrai que c’est le desert absolu ! Pas une âme qui bouge ni une feuille qui tremble.
Soudain. Un bruit de jet d’eau ! Juste en face et de l’autre coté de la rue un vieux monsieur en béret bleu tente de remplir son seau d’un robinet extérieur municipal pour arroser ses fleurs ! Je m’empresse d’aller à ses cotés et bavarder ! Muet comme une carpe il ignore ma présence
Soudain. Un fou furieux débarque en courant : Police ! Police ! Vite revenez à l’hôtel !
Mais …dès mon retour sur le muret et dès la disparition du concierge de l’hôtel qui a tenté de me ramener , je me sauve cette fois vers la premiere rue perpendiculaire à gauche pour prendre rapidement en cachete la rue parralelle à la nôtre !
Enfin, me revoila voyageur découvrant des châteaux de nuit ! Une dizaine de gigantesques villas aux mille lumières … Je pousse une porte à moitié ouverte et lance en vain 100 hellos ! Nada . Personne ne répond…mais j’apperçois au garage une splendide BMW X5 toute blanche !
Ici au Turkmenistan ils adoptent un vieux proverbe à leur façon « Sois belle et tais toi ! » Le citoyen aura de l’électricité pour 4 sous, de l’essence pour 2 sous (1/10e d’euro le litre environ) et uniquement 5% de taxe ou impôts à payer sur l’achat d’une voiture !
Le président veut le silence et la paix pour régner seul comme bon lui semble au profit de sa large famille et de sa garde rapprochée, grâce à l’impressionante manne du gaz et du pétrole.
Soudain. Un enfant descendu du ciel de 12 ans me tire par la manche de ma chemise et me dit dans un brokenenglish : « Sir you have to come bak to the hotel with me ! » . En fait tout le monde à l’hôtel cherchait le voyageur évadé et c’est le fils du proprietaire qui me trouva !
Darvaza, les Portes de l’Enfer
En 2023 le cratère de Darvaza au nord du Turkménistan reste une injustice mondiale terrifiante.
40 années de gaz méthane qui s’échappe en flamme qui détruit les poumons des voisins résidants et qui crève encore plus notre couche d’ozone.
En fait c’est plus grave encore.
Les USA, la Chine ou la Russie peuvent éteindre et fermer cette fuite de milliards de m3 de gaz. Mais le gouvernement cherche le bon deal ! Que donner en contre partie à l’Amérique à la chine ou à la Russie ?
Les « Portes de l’Enfer », connues localement sous le nom de Darvaza, sont un phénomène naturel extraordinaire.
Il s’agit d’un cratère de feu brûlant depuis plus de 40 ans, créant un spectacle gigantesque. Ce cratère, d’un diamètre de 70 mètres et d’une profondeur de 20 mètres, émet une lueur rougeoyante qui illumine le désert environnant et qui attire quelques touristes qui arrivent à pénétrer le pays !
Retour en Uzbekistan
Retraversée du désert noir et adieu avec mes fidèles accompagnateurs en fin de mission qui me confient au poste de police frontalier.
La musique recommence mais sur un autre rythme, plus besoin de vaccin Covid ni de taxes fantômes à payer , juste une attente de 3 heures !
Arrive enfin un vieux minibus jaune-moutarde des années soixante pour nous faire traverser le Nomansland séparant le Turkmenistan de l’Uzbekistan et qui va vers la police uzbek.
A Mi-chemein on nous demande d’attendre un second bus pour faire le 2e kilomètre qui reste et interdiction de bouger de cette placette en plein désert.
C’est l’occasion d’une nouvelle aventure.
Je me dirige vers un convoi d’une centaine de gros camions à double remorque immobilisés à la queue leuleu depuis une nuit peut-être attendant leurs formalités douanières.
Les chauffeurs passent le temps à griller des cigarettes et à siffler des bières et à échanger des blagues et des friandises à même le sol.
Nul ne fait attention au Fou Voyageur qui les approche et qui se voit ainsi offrir une belle pomme rouge.
Au bout de 40 minutes, deux soldats Uzbeks viennent à ma rencontre s’étonnant de me voir à leur frontière sans l’arrivée du bus turkmen…
Une belle rigolade et des formalités se résument à un simple cachet sur mon passeport ! Un des officiers me dit attend :
-« On va rentrer ensemble à la ville suivante à 15 Km d’ici ! Les taxis vont te voler et personne d’autre ne te prendra en auto-stop comme tu le dis. »
Lietenenant Karim en civil est semblable à un charmant acteur de film indien. Souriant et avenant il me confie à l’arrivée d’une gare routière à un chauffeur qui va rentrer sur Boukhara.
A peine le lieutenant parti que le chauffeur change d’avis et me dit :
-« Désolé, oui j’ai accepté 15 dollars pour aller Boukhara…. Mais quand le taxi est plein ! Attendez dix minutes et on aura les 3 autres passagers . »
Au bout d’une heure je découvre à 20 métres une jeune dame assise avec une valisette ou baluchon chifonné ! Je l’aborde gentiment lui demandant ce quelle attend dans cette station de taxis ?
- « Je vous ai bien remarqué devant ces mafieux chaffeurs de taxi. Ici, ce sont tous des voleurs ! Je vais télèphoner à un ami qui me prendra pour 10 dollars »
- « Je peux venir avec vous et payer 15$ comme pour l’autre taxi ? »
- « Mais bien sur !! »
Commence un incroyable rodéo dans une gambarde bleue de 70 ans ou plus, de la belle époque sovietique.
Droite, gauche, puis gauche encore, puis droite, puis virage sec, puis tombe la nuit …et je lui demande de me descendre face un bon restaurant pas loin de mon hôtel reservé à Boukhara, pour retrouver mes esprits !
Gracias a la vida
Suite au prochain Astrolabe : Mary , Marve capitale turkmene de la culture islamique au VIIe siécle
Rached